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Peeple l’appli pour noter les personnes, mise à mort avant même de naître

Les réseaux sociaux s’enflamment ainsi que les médias de tous bords pour l’appli Peeple sacrée « réseau social le plus détesté de l’année ».
Alors qu’elle n’est pas encore mise en ligne.

Alors que le lancement de cette appli de notation était prévu début novembre, ses 2 fondatrices ont été contraintes de jeter l’éponge devant plus de 40 000 tweets énervés, les groupes Facebook et comptes twitter créés spécialement pour lutter contre Peeple, et devant des vagues de haine allant jusqu’aux insultes et menaces de mort.

Présentation de Peeple

Sur le concept « qui vous permet de noter et de commenter les gens avec lesquels vous interagissez », il suffit d’entrer leur numéro de téléphone dans l’application et de vous exprimer. Les notes attribuées varient de 1 à 5 étoiles comme à la bonne vieille époque de la naissance du web. Une section commentaire est également mise en place pour les réactions aux notes.

Un petit peu de bon sens ma chère Dame !

Avant d’attaquer la partie croustillante et drôle de la problématique, voyons avant tout l’application à travers les yeux de ses créatrices. Toutes deux (une canadienne et une américaine) y voient bien entendu un outil formidable pour améliorer la vie de leurs contemporains.

Pour elles, c’est logique : noter une personne permet d’informer les autres sur le comportement de cette dernière et sur sa fiabilité. À une époque où les réseaux sociaux ont remplacé les rencontres dans les bars, il n’est pas rare de tomber sur des personnes « peu recommandables » qui souhaitent au mieux vous dépouiller et au pire vous charcuter. Dans cette optique, Peeple se présente comme une vaste base de données accessible à tous et destinée à protéger la population contre les arnaqueurs, les voyous, les psychopathes et les manipulateurs.
Tiens, ce n’est pas le même discours dans Fahrenheit 451, Le meilleur des mondes ou Matrix ?

Une pente dangereuse

Eh oui, Peeple souhaite instaurer ce système que nombre de cinéastes et intellectuels ont décrit comme dangereux. Ces derniers auraient-ils lutté en vain en tentant de nous prévenir ? Si demain, Peeple tombe entre les mains de votre voisin malheureusement arrosé lorsque vous avez rentré vos géraniums et que ce dernier décide de mal vous noter, que pourrait-il vous arriver si votre patron voit votre note ? Comment réagirait votre entourage ?
D’autant plus qu’une note reste particulièrement subjective et que Peeple n’obligera nullement ses usagers d’expliquer leur décision. Maintenant, imaginez ce problème porté à l’échelle mondiale et aux conséquences que cela pourrait avoir.
Les procès, les conflits et les actes racistes, homophobes et anti-religieux ne trouveraient-ils pas là un terreau bien fertile ?
A l’heure où le monde est devenu un immense village interconnecté où l’information circule à une vitesse fulgurante, où la notion d’intimité tend à disparaître, le désastre ne se ferait pas attendre trop longtemps.

Modération

Si l’application Peeple se présente comme un outil de protection de la population, tout le monde a vu le manque d’objectivité (d’autres comme TripAdvisor connaissent bien le souci) mais aussi les dérives qu’elle pourraît entraîner. Les créatrices de l’application ont-elles pris les mesures nécessaires pour éviter les actes de haine sur Peeple ?

Elles testent grandeur nature ! Finalement, cette situation « d’arroseur arrosé » est quelque peu amusante non ? Les deux créatrices ont pu voir elles-mêmes (jusqu’à des menaces de mort disent-elles) la hargne que peut déclencher une mauvaise impression, une mauvaise idée. Elles ont donc rapidement modifié le concept. Et les voilà en train de se battre pour défendre leur projet à coups de « positive only », le nouveau positionnement (sans critique aucune) qui pourrait sauver la mise en ligne de l’appli.
Mort-née. Tuée par la vindicte numérique. CQFD.

 

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