Le Magazine

Employabilité, statuts et bosser dans la communication. Ou pas.

Voilà les 3 sujets développés lors du petit-déjeuner organisé par le Comité Emploi de l’association Communication et Entreprise il y a quelques jours.

L’emploi en communication traverse une phase de transformation, une sorte de « big bang » aussi excitant qu’inquiétant, qui modifie le modèle en place depuis de nombreuses années. Tension du marché de l’emploi, transformation digitale… nos métiers évoluent et s’enrichissent ! 

Voici les grandes lignes des messages utiles à tout communicant. Table ronde animée par Ludovic Hébrard, co-pilote du Comité emploi et Président de l’agence Avec un grand H.

 

L’équation personnelle et la connaissance de son marché favorisent l’employabilité

Selon Patrice de Broissia (Associé – Directeur du Pôle Carrières et Mobilité – Oasys Consultants), l’employabilité correspond à la capacité d’évoluer de façon autonome dans le marché de l’emploi, d’être en interaction permanente avec son marché, son environnement professionnel ; de savoir répondre aux besoins du marché en termes de savoir, savoir-faire, savoir-être.

Il est tout d’abord nécessaire de bien définir son marché à la fois son secteur d’activité, son secteur géographique, son secteur métier. Il s’agit d’être en interaction permanente, en prise directe avec un marché en permanence évolutif, pour se former, se réadapter. « Le meilleur outil de la recherche d’emploi n’est pas un CV mais une paire de chaussures, aller rencontrer des gens » conseille Patrice de Broissia.

La seconde étape est le faire savoir : on ne saura trop rappeler l’importance de se faire connaître, reconnaître sur son marché : créer son « personal branding » (sa marque personnelle), ce qui nécessite de réfléchir en profondeur à sa valeur ajoutée, prendre du temps, réaliser une photo de qualité et toujours utiliser la même.

Pour Claire Romanet (Fondatrice du cabinet de recrutement Elaee), ce que l’on demande aujourd’hui des candidats dans un marché tendu avec de fortes contraintes c’est avant tout une valeur ajoutée personnelle « Les compétences techniques ne suffisent pas. La différence vient du savoir-faire : une personnalité, un tempérament, un engagement. ». La première étape du candidat est la connaissance de soi et savoir définir un intitulé, une fonction, une mission, une typologie d’entreprise. « La grande force de chaque candidat est de savoir présenter une équation personnelle différente pour savoir communiquer dessus. »

Jean-Luc Biacabe (Économiste en chef – CCI de Paris Île-de-France) souligne que le chômage endémique est une spécificité, une exception française : cela ne relève donc pas de l’économie, du capitalisme, des taux d’intérêt mais bien de nous, des dysfonctionnements du marché du travail français, des transformations fortes comme l’ubérisation, le développement de l’économie collaborative.

L’uberisation vient télescoper l’ancien système fordiste du salariat protégé face à des indépendants peu protégés ayant de faibles revenus. Ceci répond à une demande non satisfaite des consommateurs en termes de prix, de rapidité, de prestations de services.

Il s’avère en effet que la France depuis 2008, s’appauvrit en termes de revenu par habitant et ce, sans perspective : chômage, paupérisation… Les gens sont donc à la recherche de revenus complémentaires. L’auto-entreprenariat propose quant à lui un semblant de cadre juridique, même si beaucoup sont sortis de l’auto-entreprenariat pour travailler « au black ». Le combat se situe entre l’économie en place et la nouvelle économie, ne présentant pas la protection sociale des autres formes de travail.

 

Du CDI aux slasheurs : la nécessité de « penser job », avant de penser statut

Jean-Luc Biacabe rappelle que le secteur de la Communication est précurseur en ce qu’il compte déjà bon nombre de free lance et de statuts indépendants dans ses rangs.

CDI, 35 heures, SMIC… sont autant de spécificités, typiquement françaises et la réalité n’est plus du tout là : si sur 20 millions d’emplois 85% sont en CDI, le flux est tout autre : 85% des emplois proposés sont en stage ou en CDD.

La solution pourrait être le contrat unique avec une évolution progressive des droits, mais personne n’en veut.

Le CDI demeure la « vache sacrée », alors que ce n’est pas l’avenir. 34% des étudiants actuels rêvent de créer leur entreprise, ce qui souligne l’intégration chez la « génération Y » de l’intérêt et de la capacité à créer sa propre activité.

Quant aux « slasheurs », comme le rappelle Claire Romanet, ils révèlent l’émergence d’une nouvelle catégorie de travailleurs cumulant simultanément plusieurs jobs : ils représentent 16% des actifs, soit 4 millions de Français.

Il faut donc changer sa façon de voir un CDI, de penser en termes d’objectifs professionnels, de penser « job » avant de penser statut. Aujourd’hui, il est plus facile de trouver un client que de trouver un employeur, même si dans la dynamique sociétale les banques font bien plus confiance à un CDI qu’à un slasheur.

On est dans une logique de transition dans laquelle il faut envisager d’autres formes de statuts : stages, CDD, création d’entreprise, multi-activités, management de transition favorisant l’employabilité, l’agilité. Il faut répondre aux besoins du marché et faire acheter sa personnalité. « On reçoit quelqu’un en recrutement pour ses compétences et on le recrute pour sa personnalité », précise Patrice de Broissia.

La transférabilité des nombreuses compétences du communicant lui permettent de continuer dans son secteur…ou dans un autre !

Peut-on vieillir dans la Communication et y travailler après 40 ans ? Claire Romanet rappelle que le communicant a des compétences de créativité, de chercheur d’information, d’analyse, de transmission, de synthèse. Certes, il y a un effet « jeunisme historique » et on attend des communicants curiosité et créativité. La différence est sur la capacité, le savoir-être et la compétence que n’ont pas les autres à se remettre en question.

Quant aux changements de métiers après 45 ans, on retrouve beaucoup de communicants dans les métiers de la RH et de la psychologie, ainsi que dans la restauration… et la politique.

On a à présent a minima trois métiers dans un parcours de vie. 65% des écoliers d’aujourd’hui auront un métier que l’on ne connaît pas. En entreprise, il y a des reconductions de postes, mais aussi des créations de nouveaux métiers. On rencontre chez les candidats seniors, des freins et des croyances qui les freinent eux-mêmes : ils sont battus d’avance.

Il ne faut pas oublier par ailleurs que la formation est un bon levier quand on cherche un job.

Patrice de Broissia précise que sur ses dernières missions d’outplacement pour des postes de Dircom, 3 sur 10 ont trouvé un poste :
– Parce qu’ils étaient bilingues
– Parce qu’ils connaissaient très bien l’environnement métier
– Parce qu’ils on eu de la chance.
– Quant aux autres, ils ont créé leur activité.

Il ne faut pas oublier que la Communication fait développer de belles compétences : commerciales, organisationnelles, relationnelles, ouvrant de belles passerelles !

Propos recueillis par Corinne Aubert-Simon, Consultante Associée Valeurs & Opinion

 

Un petit podcast pour éclairer les points de vue ci-dessus :


thumb_IMG_3412_1024Vous trouverez bon nombre d’infos et de conseils pratiques dans « Le guide optimiste de l’emploi dans la com » accessible ici.

Copyright : Shutterstock, Studio Grand ouest

 

2 commentaires sur “Employabilité, statuts et bosser dans la communication. Ou pas.”

Natin -le Roy Florence dit :

Très positives et encourageantes vos différentes réflexions. Merci beaucoup.

[…] 9 place d’Iéna, 75016 (métro Iéna). Pour parler des métiers de la communication, de l’employabilité, et surtout donner des clefs et une vision positive de la recherche d’emploi. […]

Laisser un commentaire

Les fiches métiers

Fiches Métiers

Je dépose mon CV

Déposer

Toute peine mérite salaire

Rémunération, salaire, paie… autant de gros mots qui sont tabous en France, même dans les métiers de la création, de la communication, du marketing et du digital.

Votre salaire en 3 étapes