Le Magazine

Question de candidat : Doit-on informer son successeur des dangers du poste et de l’entreprise ?

Victoire nous pose une question précise : « Doit-on à la sortie d’un poste…

Victoire nous pose une question précise : « Doit-on à la sortie d’un poste avertir son successeur des dangers qui l’attendent en termes de mauvaise qualité de travail ? De mensonges et d’incompétences flagrantes de la société ? »

Vu la véhémence de ses propos, il est clair que Victoire a le sentiment d’avoir été « piégée » par un poste et une direction qui n’ont pas tenu leurs promesses. Quittant la société, elle trouve normal et nécessaire d’informer la personne qu’elle est en train de briefer pour prendre son poste des mauvais points qui la font partir. Elle se sent responsable et veut, par honnêteté, expliquer son point de vue personnel sur la situation qu’elle juge désastreuse.

Mais est-ce si simple ? Cette situation intéressante et difficile fait émerger des réactions différentes selon les parties :

Victoire : « j’ai souffert, je souffre, en disant la vérité, je rends service à mon successeur afin qu’il ne souffre pas à son tour ». Ok, mais qui nous dit qu’il n’y a pas aussi dans cette réaction quelque volonté (consciente ou non) de créer un problème au sein de l’entreprise, peut-être de se venger, ou de faire en sorte (tout simplement et c’est monnaie courante, foi de recruteur) que la direction se rende compte que Victoire est difficile à remplacer ?

Le recruteur, lui, va se dire : « ouh la la, le loup (comprenez : Victoire) est encore dans la bergerie et mon candidat va s’enfuir à toutes jambes ». Ce qui signifie malheureusement pour lui que tout le travail de recherche et de sélection sera à recommencer pour trouver un autre candidat.
Mais, s’il a bien fait son boulot, il a dû poser la question en amont « Est-ce une création de poste ? Un remplacement ? Puis-je connaître la raison du départ de la précédente ? ». Il est même censé avoir appréhendé toutes les contraintes et surtout celles que le dirigeant ne lui a pas énoncées, les fameux « non-dits » (on en reparlera).

Question épineuse donc. Pourtant, il suffit d’un peu de bon sens pour y répondre.

En effet, on sait qu’une personne peut bien fonctionner dans tel poste et tel environnement de travail et que son voisin, même s’il a le même profil, ne fonctionnera pas du tout. C’est une question de vécu, de personnalité, et d’attentes. Heureusement d’ailleurs, car chaque individu est différent.
Ce qui veut dire que le remplaçant de Victoire n’a peut-être pas les mêmes attentes qu’elle et qu’il peut, a priori, se plaire dans ce poste.
A contrario, ne rien dire d’une situation douloureuse serait aussi une erreur. Victoire doit donc évoquer le sujet, certes, mais sans aménité et avec le maximum d’ouverture d’esprit et surtout d’objectivité.

En conclusion, c’est au dirigeant et au recruteur de préparer cette passation de pouvoir (qui peut facilement tourner au désastre, comme vous l’avez compris). Le dialogue et la sincérité sont donc nécessaires. Il ne s’agit pas d’embellir ou de survendre un poste et un projet d’entreprise, il s’agit de donner les tenants et les aboutissants les plus précis possibles (comprenez les avantages et inconvénients) et valider qu’ils sont en adéquation avec le projet professionnel du successeur.
C’est la condition sine qua none pour que toutes les parties (démissionnaire, recruté, employeur et recruteur) soient satisfaites.

8 commentaires sur “Question de candidat : Doit-on informer son successeur des dangers du poste et de l’entreprise ?”

Shadok dit :

Je pense que la personne qui quitte son travail a tout intérêt à ne pas mettre en porte-à-faux ses employeurs. Par respect pour eux, par fierté, et ne serait-ce que pour rester en bon termes avec eux. Ne dit-on pas que le monde est petit ? celui de la communication lyonnaise l’est encore plus !!
Victoire a pris la décision de partir parce que le poste ne lui convenait pas, la personne qui la remplace fera de même s’il ne lui convient pas plus. Quant à "l’incompétence de la société", elle ne changera pas en modifiant simplement 1 effectif !

Raphaelle dit :

Ben si Shadok (ou Victoire si j’ai bien tout suivi), 1 effectif peut changer toute une équipe. C’est justement ça la beauté et la difficulté de la nature humaine !

Shadok dit :

Je suis tout à fait d’accord Raphaelle ! C’est tout le pouvoir des personnes motivées, et heureusement ! On est tellement nombreux sur le marché, qu’il faut se faire sa place d’une manière ou d’une autre. Et la motivation peut tout changer…

mehdi dit :

Personnellement j’ai préféré ne rien dire! Et pourtant dans une agence ("à taille humaine") ou en moins d’un an on voit passer plus de 20 personnes on se demande si c’est un problème de compétences ou de management, outre le fait qu’il y a certaines situations rocambolesque comme le harcèlement sexuel dont il est difficile de parler…
Je ne dit pas que se taire est une solution mais après tout comme je l’ai lu dans l’article c’est une question de feeling… Et en ce qui me concerne la punition était justement de ne rien dire dans le sens ou si mes anciens dirigeants sont incapables de faire du management je ne vais pas perdre mon temps à leur apprendre un métier qui de surcroit n’est pas le mien…

Shadok dit :

Je suis tout à fait d’accord Mehdi avec la dernière partie de ton message. Ce métier après tout n’est pas le nôtre, et nous ne ferions que causer du tort à des personnes que nous considérons comme incompétentes. Le seul retour pour nous serait une perte considérable d’énergie, qu’il est bien plus productif de consacrer à la recherche d’un nouveau job, ou à la construction d’un nouveau projet. Quoi de pire pour elles que de les laisser baigner dans leur satisfaction personnelle et de s’en aller sans faire de vague ?!
La seule question est de savoir si on laisse une personne extérieure s’engouffrer dans un nid de problèmes sans bouger d’un iota… Mais je pense qu’il faut suivre sa route.
Et pour finir sans poésie, un grand sage disait que quoi que l’on fasse, on est tous le con d’un autre ! Lorsque l’on a compris cela ma foi …

marjo dit :

en tant que candidate, j’ai eu l’expérience d’un recrutement où le drh m’avait répondu pendant le premier entretien que le poste s’agit d’une création. mais en avançant dans le processus du recrutement, j’apprends de par l’aveu du n+1 du poste que plusieurs personnes avaient été licenciés sur ce poste car pbl x et y… alors j’ai préféré ne pas poursuivre même s’ils m’ont dit que mon profil correspondait bien à leur recherche. surement parce que j’ai déjà eu une expérience professionnelle dans une boite où les uns aiment rejetter leurs erreurs sur les autres et où j’ai fini par etre licenciée parce que j’étais la seule à bosser sans me plaindre. j’étais vraiment tentée de meme en garde mon successeur mais après tout, c’est à lui de juger si cet environnement lui convient ou non.

mika dit :

Ne voulez-vous pas dire "sans animosité"? L’aménité n’a rien de négatif, bien au contraire…

mehdi dit :

pour revenir sur ce que je disais précédemment, je trouve très drôle que deux jours plus tard une certaine offre dans l’océan Idien apparaît ci-dessus…
Pour les plus aventuriers je ne dirai qu’une chose: méfiez vous si vous allez chez "Baran consulting" (pas d’eux mais de leur client…).

dédicace: à ceux qui voudront comprendre…

Laisser un commentaire

Les fiches métiers

Fiches Métiers

Je dépose mon CV

Déposer

Toute peine mérite salaire

Rémunération, salaire, paie… autant de gros mots qui sont tabous en France, même dans les métiers de la création, de la communication, du marketing et du digital.

Votre salaire en 3 étapes