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La relation s’inverse entre recruteurs et candidats

Fini le temps où les employeurs dictaient leur loi pour embaucher. Avec le taux de chômage qui baisse, la guerre, la crise sanitaire, et surtout les changements de mentalité, ce sont les candidats qui décident aujourd’hui.
relation employeur candidat

Les candidats ont le pouvoir. Les recruteurs subissent. La relation inversée apporte une sorte d’égalité.

Et tout le monde n’a pas encore compris !

Qui cherche trouve. Ou pas.

Un recrutement, c’est avant tout l’histoire d’une rencontre entre 2 « chercheurs ».
Le recruteur cherche la personne qui rassemble les savoir-faire pour participer à la vie et à l’évolution de son entreprise. Le candidat cherche l’entreprise qui va lui apporter une rémunération décente pour assouvir ses besoins et vivre ses projets. Lors de cette rencontre, chaque partie est censée défendre ses intérêts jusqu’à trouver un équilibre. Jusqu’alors l’employeur avait les meilleures cartes.
Mais à ce jeu, le pouvoir a changé de main.

Fini le temps où les employeurs dictaient leur loi pour embaucher. L’employeur / inspecteur de police faisant passer un interrogatoire, c’est terminé.
La difficulté à recruter est telle que l’employeur est sommé / obligé / contraint d’écouter le salarié. Et ses attentes.

Le marché de l’emploi expliqué par le marketing

Il en est des employeurs comme des marques.

Il y a peu, au temps du web 1, les marques ne communiquaient que de façon descendante vers leurs audiences. La parole était d’or dans ce marketing de l’interruption. Exemple : le spot de pub interrompant votre film.
C’est le !

Le web 2 a transformé la relation pour la passer de verticale à horizontale : avec le contenu produit par toutes les parties prenantes, on entrait dans l’ère du marketing de la permission si cher à Seth Godin. Exemple : l’inscription comme fan à une page sur les réseaux sociaux.
C’est la ->

Aujourd’hui, le web 3 et le métavers vont rendre égalitaire la relation car les marques ne pourront plus contrôler ni les contenus ni les univers où ils sont conçus et diffusés. Les marques et leurs audiences vont collaborer.
C’est le signe =

L’analogie des 3 étapes est la même pour le monde du recrutement

Etape 1 : seules comptent les exigences de l’employeur, maître en son royaume, qui peut poser toutes les questions qu’il veut et décider seul du contrat de travail. Un point c’est tout. Le candidat est sommé d’accepter.
Interruption : !

Etape 2 : L’employeur perd de sa marge de manœuvre (loi sur la discrimination, RGPD, communication interne…) et le candidat exprime ses opinions et ses besoins.
Permission ->

Etape 3 : la nôtre maintenant : c’est l’égalité des forces en présence. Le recruteur a un poste à pourvoir mais cela ne le rend plus surpuissant. Le candidat décide si l’offre l’intéresse ou pas et donne ses conditions. Comme le recruteur l’a fait. Un point partout.
 Egalitaire : ! -> =

L’entretien d’embauche de plus en plus compliqué

Le recruteur à l’ancienne menait les entretiens tels de véritables interrogatoires. À la façon d’un inspecteur de police, il cherchait à déstabiliser le candidat. À coup de questions-piège, il testait et évaluait le sang-froid, la motivation, la répartie de son interlocuteur. Le candidat devait, quant à lui, convaincre et justifier ses choix professionnels et les compétences acquises. Un moment angoissant justifié par une conjoncture, entre chômage et crise économique, favorable aux entreprises.

Désormais (et heureusement), l’entretien d’embauche a bien évolué. Il s’apparente à un échange entre le représentant de l’entreprise et le postulant. Certes le candidat doit séduire le recruteur ; mais la réciproque est née. Chacun doit donc déployer ses meilleurs arguments pour rédiger de concert les termes du contrat qui pourrait les lier.

C’est cette relation inversée, basée sur l’égalité certes, qui donne au salarié un pouvoir qu’il n’avait jamais atteint jusqu’alors.

Il y a process de recrutement. Et process…

C’est l’histoire d’un patron d’entreprise florissante qui, soucieux d’avoir auprès de lui la bonne personne pour gérer toute sa communication et le marketing, a instauré un process de recrutement interminable : lettre de motivation – puis – réponses par écrit à une liste de questions posées par mail – puis – test de rédaction – puis – entretien téléphonique – puis – entretien en face à face avec 2 de ses collaborateurs et lui – puis – entretien en face à face avec son DG…

Autant vous dire tout de suite que la plupart des candidats a fui dès la première réponse par mail décrivant tout le process à venir…

La fameuse « grande démission » est déjà là

Le salarié n’a jamais été aussi clair sur ses priorités. Les confinements avec ses nouveaux modes de travail, le rapprochement avec sa famille, la peur de la guerre… sont autant de faits qui ont relativisé son rapport au travail, l’ont rapproché de sa famille et d’un mode de vie où le privé prend le pas sur le professionnel.

Le consumérisme aussi est remis en cause, y compris par les jeunes diplômés des (très) grandes écoles qui quittent rapidement leur bullshit job pour des questions d’éthique ou d’environnement.

D’autres critères, comme le management, sont aussi à prendre en compte. Vincent Meyer (EM Normandie) et ses co-auteurs expliquent que l’entreprise, en misant sur l’individualisation des parcours de ses salariés, a créé, malgré elle bien sûr, un rapport consumériste à l’emploi. On ne voit plus son job de la même façon. A l’ère du zapping permanent, le salarié « consommateur » n’a plus d’état d’âme à démissionner s’il n’y trouve plus son compte.

Les valeurs d’éthique, de sens moral, et d’engagement n’ont jamais eu autant de poids dans le choix d’un job.
« Avant, on nous demandait des voitures de fonction diesel, maintenant on nous demande si l’entreprise pollue et ce qu’elle fait pour limiter ses émissions carbone » explique la directrice générale d’Oracle France dans Les Échos.

Avoir un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée est devenu une priorité absolue. Etre aligné.e avec ses convictions aussi.

Ce salarié, on l’écoute tous les jours chez Elaee. On a noté les mots clefs qui reviennent le plus souvent lorsqu’on parle d’objectif professionnel : qualité de vie au travail, télétravail (on peut vous dire que les entreprises qui s’y refusent sont éliminées d’office), respect, ambiance, autonomie, et confiance.

On a appris il y a peu que 43% des salariés pensent à changer de job et on sait pourquoi. Sont cités dans cette étude : la culture d’entreprise qui doit être bonne, l’attention portée à la santé mentale et au bien-être, le sens du travail lui-même, des horaires flexibles, etc.

Alors oui, les salariés ont des exigences. Et il faut les entendre. Il s’agit aujourd’hui pour les entreprises de repenser complètement le pacte social et moral qu’elle propose à ses collaborateurs. Ni plus. Ni moins.

 

 

 

 

 

 

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