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Coworking, fablabs, écolieux… Les Tiers Lieux ou la nouvelle théorie de « l’évolution des espaces »

Fablab, coworking, workcafé, écolieu, … quel est le dénominateur commun de ces appellations ? Et pourquoi les regroupe-t-on sous le nom-chapeau de Tiers-Lieux ? 
fablab, écolieux, les tiers lieux

Un phénomène en cours de « démocratisation »

Traduit littéralement de l’anglais « The Third Place » (la troisième place) l’appellation « Tiers Lieux » trouve sa différenciation par référence aux environnements sociaux que sont le travail et le lieu de vie.

La première référence connue de ce concept est une thèse publiée en 1989 par Ray Oldenburg, un éminent professeur de sociologie en Floride.
D’un point de vue sociologique, les Tiers Lieux sont des espaces où les individus peuvent se rencontrer pour se réunir et échanger de façon informelle.

Depuis cette définition originelle, les Tiers Lieux se sont structurés suivant 2 échelles de valeur.
Le premier curseur se détermine sur une échelle allant de l’enjeu sociétal vers un enjeu économique et entrepreneurial.
Le second curseur vient se placer sur une échelle menant de l’enjeu collectif vers un enjeu marchand.

Quels sont les différents types de Tiers Lieux ?

L’agence « Prima Terra », qui se définit elle-même comme un « Écosystème de solutions pour de nouveaux espaces de coopération, en France et dans le monde francophone » en a dressé une cartographie.
Prima Terra, tout en étant un think tank (laboratoire d’idées) à initiative privée, jouit néanmoins de l’appui de partenaires institutionnels comme les régions Poitou-Charente (berceau de cette initiative), Ile-de-France, ou encore la Fondation de France.
Nous pouvons donc nous appuyer sur leur classification sans craindre d’être porté par un courant idéologique partisan.

En nous focalisant sur les enjeux économiques, environnementaux et entrepreneuriaux, nous trouvons au centre les espaces de coworking.
Nous trouvons également les « médialab » ou « infolab » qui sont des Tiers Lieux dédiés à appréhender la complexité de l’information, voire à envisager sa diffusion virale.
Sur le plan économique nous pouvons ranger les « workcafé » ou « fablab » comme des Tiers Lieux dont la finalité est la confrontation des process et méthodes, dans un objectif d’innovation collaborative et collective.
Sous un angle plus sociétal et environnemental, nous trouvons les « biolab » ou « écolieux » comme des Tiers lieux dédiés à l’usage raisonné du vivant.

Un dénominateur commun : l’innovation

Qu’ils suivent des fins sociétales, environnementales, économiques ou entrepreneuriales, les Tiers Lieux ont en commun la volonté de dépasser les modèles existants, de prototyper, de partager … pour innover.
Moins formels que les partenariats d’open innovation passés entre grands Groupes et startups, ou que les incubateurs d’entreprises, les Tiers Lieux sont néanmoins un terroir fertile pour l’innovation, avec lequel il faudra probablement de plus en plus compter à l’avenir.

Une influence grandissante sur le monde du travail

C’est par exemple l’avis de « le labo de l’économie sociale et solidaire », autre think tank qui a pignon sur rue qui affirme sur son site que les Tiers Lieux contribuent à une « transformation du travail » qui peut être en lien avec la transformation numérique, l’innovation technologique, la relation client, l’organisation du travail et jusqu’à la gouvernance des entreprises.
Et de noter que « L’essor du travail à distance et du coworking, grâce au développement du travail par Internet, vient amplifier encore le mouvement ».
Tout en écartant toute confusion avec « des espaces de simple colocation de bureaux, des télé-centres ou des centres d’affaires (qui) peuvent ainsi chercher à apparaitre comme un Tiers-lieux, alors qu’ils n’apportent qu’une simple mutualisation d’espace et font disparaitre coopération et co-construction ».
On l’aura compris : participativité et échange doit rester des éléments centraux.

A titre d’exemple, parmi des centaines d’autres

Le fablab « In3D » ou « 3DInside », lancé en 2016 par la Fédération de plasturgie pour soutenir les PME du secteur par rapport à l’innovation 3D et qui se définit comme « un programme d’amorçage (qui) n’a pas vocation à durer indéfiniment dans le temps, cependant il doit permettre d’enclencher une dynamique dans la profession ».
En l’occurrence s’il ne s’agit pas de rencontres fortuites de professionnels non reliés par une même activité, comme pour la majeure des Tiers Lieux, mais c’est néanmoins une initiative collective non directement axée sur le profit des participants.

Dans le domaine environnemental et éco-responsable, la newsletter « we demain » s’est fait l’écho récemment d’une initiative de Tiers Lieux sur un domaine de 30 hectares, en partie cultivables, avec la finalité, au dire de ses initiateurs, de « créer un lieu d’expérimentation, de partage et de formation autour de grands enjeux sociétaux pour produire, consommer, se loger et vivre ensemble de manière éco-responsable ». A une heure de Paris, ce Tiers Lieux a vocation à accueillir « du cadre en reconversion au geek bricoleur, en passant par le formateur en communication …».

Vous avez dit évolution des espaces ?

Ce petit clin d’œil en forme de paraphrase pour le Projet Darwin à Bordeaux qui est exemplaire par sa genèse et son développement.
En 2016 « l’Express entreprise » a rencontré l’initiateur du projet Philippe Barre. Ce patron d’une agence de communication bordelaise cherchait en 2006 un lieu de travail à partager, avec l’idée de mutualiser cantine et espaces de détente. « Ce n’était pas révolutionnaire, cela existait à Berlin, Bruxelles ou Londres » concède-t-il. Il n’en demeure pas moins qu’en bord de Garonne se trouvait alors une opportunité : la caserne Niel, une trentaine d’hectares en friche abandonnés par les militaires en 2004. En 2008, Philippe Barre présente un projet baptisé « Darwin » qui retient l’attention du président du jury et aiguise la curiosité du Maire de Bordeaux.
Au grand dam des promoteurs immobiliers, ce ne sont pas 2 000 m2, comme demandés dans le projet, qui sont alors proposés à Evolution, l’incubateur lancé pour l’occasion, mais 20 000 m2 !
Aujourd’hui le projet Darwin est devenu le « premier espace de coworking de France » avec 190 entreprises « vertes et créatives », dont une vingtaine de start-ups en pépinière.

Un mouvement spectaculaire dans le monde du travail

Au final, même si leur nombre a cru de manière exponentielle depuis 5-6 ans, les Tiers Lieux restent encore sur des définitions « fluctuantes ». Dans une interview accordée à  France Info le 27 juin écoulé, un spécialiste notait « C’est un mouvement spectaculaire dans le monde du travail : partout s’ouvrent des espaces de coworking, des centres d’affaires, des télécentres. Des lieux où l’on peut travailler comme au bureau, sans avoir besoin de s’y rendre. Le nombre de ces lieux a littéralement explosé ces dernières années ».

Entre idéologie, rémanence des mouvements collectivistes des années 1970 et pragmatisme du business façon années 2010, chacun choisira sa définition des Tiers Lieux.
Il n’en demeure pas moins que ces initiatives sont en train d’impacter le monde du travail et vont influencer la manière dont l’innovation se déclinera demain dans les entreprises.

Pour approfondir la question

Vous pouvez vous référer à :

Tiers Lieux … Et plus si affinités , par Antoine Burret
Le manifeste des Tiers Lieux , par Movilab

Pierre Fullenwarth – Rédacteur, contributeur Elaee

 

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