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Motivation, performance, marque employeur : un baby-foot et c’est reparti ?

L’analyse sans concession de l’impact de la mise en place d’un baby-foot comme outil collaboratif et motivation d’équipe, par Gaëlle Lethenet, une communicante, contributrice du mag Elaee.

Tout est parti d’un reportage au JT de 20H il y a peu : mon attention fut attirée par une enquête concernant la pénurie de candidats dans certains métiers, et la façon dont les entreprises concernées cherchent à attirer et retenir la perle rare.

Ainsi, la DRH d’une entreprise du secteur des nouvelles technologies expliquait comment elle avait mis en œuvre des actions d’amélioration de l’ambiance de travail afin de réduire le turn-over et d’attirer de nouveaux candidats. Parmi ces actions, l’investissement dans un baby-foot.

Un baby-foot en guise d’oriflamme

Je tendis l’oreille, intéressée. La même DRH avait ensuite déposé un dossier afin d’être auditée dans l’espoir de figurer dans le palmarès des entreprises où il fait bon travailler. Et bingo ! Non seulement l’entreprise s’est retrouvée dans le top 10 des PME où il fait bon travailler, mais la télé s’est déplacée ! Joli coup de pub !

J’ai aussitôt trouvé la démarche fort attirante : dans un contexte national où, selon l’étude Great Place to Work parue en janvier 2015, un salarié sur deux est confronté à une situation de burn-out, pour lui-même ou pour un proche (ce qui est très inquiétant !). Une entreprise ouverte d’esprit, ayant confiance dans ses salariés, qui leur permet de se détendre au moment où ils en ressentent le besoin, dans la convivialité et la bonne humeur, a de quoi séduire en effet ! Alors en poste lors de ce reportage, je me demandais comment transposer cette idée dans mon entreprise.

J’ai alors analysé les choses : l’entreprise citée était une PME d’environ 100 personnes, du secteur de la nouvelle économie, à majorité masculine, employant de jeunes et frais informaticiens de la génération Y tout juste sortis de leur école, pour la plupart cadres, et ne comptant pas leurs heures.  Aucun point commun avec mon entreprise d’alors…

D’autre part, les journalistes avaient sans doute choisi l’action la plus visuelle, la plus « télégénique » pour illustrer leur reportage, le fameux baby-foot. On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre…

Ce que n’abordait pas le reportage, c’est comment cette entreprise en était venue à installer un baby-foot, et comment les salariés se l’étaient approprié, et si enfin les objectifs de regonfler la motivation des troupes (et de leur productivité au passage) tout en séduisant les « talents » avaient été atteints dans la durée.

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Un Baby-foot : outil de motivation réel ou poudre aux yeux ?

Personnellement, je serais ravie de faire une partie de baby-foot pour passer un bon moment avec mes collègues et mieux les connaître, contribuant à favoriser « mon sentiment d’appartenance » à mon entreprise. Mais est-ce que cela suffirait pour me sentir bien dans mon job et faire du bon boulot ? La question est posée, qui en amène bien d’autres (pas toutes sympathiques je vous l’accorde, me faisant parfois l’avocat du diable), que je vous livre en vrac :

– Comment le baby-foot a-t-il été « introduit » dans l’entreprise ? Etait-ce une attente forte des salariés ? Est-ce qu’ils peuvent accéder au baby selon leur bon vouloir ? Est-il réellement utilisé, ou est-ce un faire-valoir ?

-Est-ce une obligation de jouer ? Si on n’aime pas ça, est-on ostracisé ? Mis sur la touche ? Catalogué « n’a pas l’esprit d’équipe » ?

– En agitant un « joujou » sous le nez des salariés, n’est-ce pas les infantiliser plutôt que chercher à les faire grandir dans leur rapport au travail ? N’est-ce pas une façon de les retenir un peu plus sur leur lieu de travail ?

– Que se passera t’il une fois passée l’euphorie, la période « adolescente » de l’entreprise qui aura grossi, ou sera rachetée, quid des moments « cool » et « fun » autour du baby ? Quand les salariés auront d’autres centres d’intérêt ou tout simplement besoin de partir un peu plus tôt le soir ?

-autre question de fond : la mise en place d’un baby-foot (ou tout autre support de divertissement) ne risquerait-il pas de cacher la forêt de difficultés managériales à motiver et à échanger avec les équipes ?

Et bien d’autres questions qui m’ont taraudée en termes de management de l’humain, de bien-être au travail et d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

A mon avis, si le baby-foot (ou tout autre objet de divertissement) est un (fort) symbole, il ne peut pas être réellement, à lui tout seul, la solution pour améliorer la performance et l’attractivité de l’entreprise.
Il peut être efficace oui, à condition de faire partie d’une réflexion collective suivie d’un programme bien plus complet (avec un plan, des objectifs et des moyens) de motivation des salariés. Si le baby-foot fait partie d’une réelle démarche globale d’amélioration continue des conditions de travail, alors longue vie au baby !

Et vous, qu’en pensez-vous ? Que proposeriez-vous ou qu’avez-vous proposé pour améliorer vos conditions de travail ? Quels ont été les résultats ?

Pour aller plus loin, l’Association Nationale de l’Amélioration des Conditions de Travail organise du 15 au 19 juin 2015 la 12e semaine de la qualité de vie au travail.

Gaëlle Lethenet
12 ans d’expérience en communication, passionnée par les mots et par l’accompagnement de la réflexion et de la mise en œuvre d’actions de communication ayant du sens.
En recherche de poste dans la communication/ le Web / l’éditorial.

Copyright : Shutterstock « part of on old mechanical street organ »

5 commentaires sur “Motivation, performance, marque employeur : un baby-foot et c’est reparti ?”

Marie-Pierre dit :

Moi, suis d’accord avec vous. Encore un « effet de manche » qui cache le sens profond de la « ressource humaine » : un pansement sur une cicatrice. Ce n’est pas ainsi qu’on crée de la motivation d’équipe… Sauf si, bien sûr, c’est travaillé comme par exemple avec les boss qui donnent de leur temps pour partager avec les autres.

Caroline dit :

Le baby foot pour contrer le turn-over … J’ai bien peur que cette DRH n’ait pas compris grand chose au management !!
Pour ne pas être de la poudre aux yeux, le baby foot doit être juste un révélateur de l’état d’esprit de l’entreprise et de ses dirigeants. Et quand c’est le cas, ça se fait naturellement, sans artifices et paillettes !

Olivier R dit :

Je connais une agence de com’ où ce n’était pas un baby foot mais un terrain de boules. ça faisait beaucoup d’effet aux clients visiteurs mais franchement, ceux qui prenaient du temps pour faire des parties (sauf si c’était après 20 h) se faisaient plutôt remarquer. Et pas dans le bon sens… Effet tranchant non ?

hindoos dit :

La Coupe du Monde approche, et le football jouit en ce moment d’une côte de popularité très importante. L’occasion pour une pléthore de constructeur de surfer sur la vague, et de proposer leurs produits en rapport avec le ballon rond. Le constructeur Audi s’y est donc lui aussi mis, en nous dévoilant un baby-foot haut de gamme, designé depuis 2 ans par Audi Concept Design Munich, et produit à seulement 20 exemplaires. Bon, en même temps, il est vendu 12 900€. Mais en même temps, il ferait presque autant rêver qu’un Bonzini…
http://www.designfolia.com/

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