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Accros aux écrans : les Français le savent… et n’arrivent plus à décrocher
Il y a les usages raisonnés… et puis il y a la vraie vie. Celle où l’on scrolle plus que de raison, où l’on voudrait poser son téléphone mais où on le reprend dans la minute.
C’est le constat, pas très réjouissant, que dresse la 5ᵉ édition du Baromètre MILDECA – Toluna Harris Interactive*, qui analyse cette année encore les liens entre écrans, réseaux sociaux, influenceurs… et santé mentale.
Spoiler : tout ce petit monde est très lié.
Plus on va mal, plus on scrolle : une équation qui se vérifie
Parmi les Français déclarant une santé mentale fragilisée, les usages explosent :
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45 % passent plus de 3 heures par jour sur les réseaux sociaux (vs 21 % en moyenne),
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76 % reconnaissent y consacrer plus de temps qu’ils ne le voudraient.
Les moins de 35 ans, déjà très connectés, sont aussi ceux qui se disent les plus influencés par les créateurs de contenus : 10 points de plus que la moyenne, que ce soit pour leur mode de vie ou leur façon de penser.
Et les 15-24 ans jouent avec le paradoxe : 60 % pensent que les réseaux ont un impact négatif sur la société… tout en étant 56 % à y passer plus de 3 heures par jour. Genre « on comprend le souci mais on n’arrive pas à s’en passer »...

Santé mentale : la corrélation qui inquiète
Selon le Dr Nicolas Prisse, président de la MILDECA (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives), le lien est désormais clair :
« Problèmes de santé mentale et usage intensif des réseaux sociaux vont de pair, notamment chez les jeunes. »
Certains utilisent les réseaux pour compenser un mal-être ; d’autres voient leur anxiété s’amplifier à force d’expositions répétées à des contenus anxiogènes, à la comparaison permanente ou à la pression sociale.
Dans tous les cas, le cercle est… peu vertueux c’est le moins que l’on puisse dire.
Influenceurs : omniprésents, partout, tout le temps
Parmi les utilisateurs des réseaux sociaux :
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3 sur 4 consultent des contenus d’influenceurs,
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4 sur 10 le font régulièrement,
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et chez les 15-34 ans ou les personnes à la santé mentale fragilisée, l’influence devient majoritaire.
Sans surprise, TikTok, Snapchat et Instagram restent leur podium incontesté.
Le sentiment de dépendance progresse, et pas qu’un peu
Presque la moitié des Français estime passer plus de temps que prévu sur les réseaux sociaux.
Chez les 15-24 ans, on grimpe à 80 %, et à 68 % chez les 25-34 ans.
Au-delà des réseaux, la perte de contrôle touche aussi :
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l’information (94 %),
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le visionnage de contenus (93 %),
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les achats (92 %),
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les usages liés au travail (76 %).
Un quart des usagers quotidiens de jeux vidéo, de streaming ou d’achats en ligne dépasse les 3 heures par jour. Et la majorité a déjà tenté — sans succès — de réduire son temps d’écran.
Même la sphère pro n’est pas épargnée : 16 % des Français déclarent ne pas réussir à se déconnecter de leurs outils de travail.
Vers une addiction numérique ?
Pour le Dr Prisse, la réponse s’en rapproche dangereusement :
« Les plateformes ont bâti leur succès sur la captation de l’attention, au détriment du sommeil, du moral et de la santé. »
Avec à la clé : troubles de l’attention, épuisement mental, anxiété… et cette fameuse « social media fatigue » qui touche de nombreux ados.
Et si on interdisait les réseaux sociaux aux mineurs ?
Selon l’étude, les Français ont l’air prêts à agir : 70 % jugent leur impact sociétal négatif et se disent favorables à une interdiction avant 15 ans.
Alors on bouge ?
Plus d’infos ici : Le Baromètre des comportements numériques. Chiffres baromètre écrans 2025.
*Enquête réalisée par Toluna Harris Interactive en ligne du 26 septembre au 2 octobre 2025. Échantillon de 2 074 personnes, représentatif des Français âgés de 15 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région et taille d’agglomération de l’interviewé(e).
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Un commentaire sur “Accros aux écrans : les Français le savent… et n’arrivent plus à décrocher”
Merci pour l’info. On peut ajouter qu’aux USA, 42% des lycéens choisissent un agent conversationnel comme meilleur ami. Et 19% s’engagent dans une relation décrite comme… amoureuse ( ! )