1 féminicide toutes les 10 minutes dans le monde : 2 outils à connaître

D’abord les chiffres toujours aussi effarants

50 000 femmes et filles tuées par un proche l’an dernier dans le monde.

En France, en 2024, les services de sécurité français (comprenez police et gendarmerie) ont enregistré 272 400 victimes de violences commises par un partenaire ou ex-partenaire. Parmi elles :
• 64 % sont des violences physiques,
• 31 % des violences verbales / psychologiques,
• 5 % des violences sexuelles.

84 % des victimes sont des femmes, et 85 % des auteurs (mis en cause) sont des hommes.

Ces chiffres sont à mettre en regard de l’info suivante : selon l’enquête de victimation Vécu et Ressenti en matière de Sécurité (VRS 2023), seule 1 victime de violences conjugales sur 6 porte plainte.

En 2024, on compte 107 femmes tuées par leur (ex-)conjoint : +11 % par rapport à 2023.

A date du 20 novembre 2025, le collectif Féminicides France annonce 85 féminicides par compagnon ou ex + 5 “tiers” (dont 4 enfants). Ces chiffres ne comptabilisent pas les tentatives ratées ni les suicides « forcés ».

« Toutes les 7 heures, il y a une femme que son conjoint ou ex-conjoint tue, tente de tuer, conduit à se suicider ou à tenter de se suicider », peut-on lire dans la lettre annuelle de l’Observatoire national des violences faites aux femmes, qui dépend de la Miprof ((Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains).

Maintenant 2 outils à connaître pour aider les femmes victimes de violences

3919, le numéro à transmettre

À Paris, dans les bureaux de Solidarité Femmes, le téléphone du 3919 ne cesse de sonner :
100 000 appels en 2024. Un bien triste record.

Tous les réseaux, dont les Centres d’Information sur les Droits des Femmes et de Familles (CIDFF) et Solidarité Femmes sont à bout de souffle. 3 à 4 semaines d’attente sont nécessaires pour une première consultation.
Débordés, ces services ne sont pourtant pas soutenus : Les CIDFF en 2025 ont perçu presque 2 millions d’euros de subventions en moins, ce qui a occasionné la suppression d’une cinquantaine d’emplois. Incroyable non ?

Le Grenelle a certes permis certaines avancées, notamment pour le 3919. Nécessaire, mais clairement insuffisant. Pourquoi ? Parce que saturé…
La réalité est qu’on a incité les femmes à parler. Elles ont commencé à parler. Mais, maintenant, elles n’ont plus personne pour les écouter ou les accompagner.

Alors, voilà l’innovation numérique dont on veut vous parler : Mémo de vie

Souhaitons que cette plateforme lancée par la Fédération France Victime : Mémo de vie puisse être connue. Faites connaître. Elle va sauver des vies.

Ce site internet permet aux femmes victimes de violences de déposer des documents en toute sécurité (passeport perso, livret de famille, carte d’identité des enfants…), d’écrire, consigner des témoignages, stocker des preuves et des images. Bref, laisser une trace des agressions subies.

On a entendu ce matin à la radio le témoignage d’une jeune femme sous emprise depuis plusieurs années. « J’étais arrivée dans un tel état que j’existais plus », raconte-t-elle. La dernière saisie qu’elle a effectuée sur la plateforme ? Une lettre d’adieu à ses enfants.

C’est ce moment terrible qui devient un déclic pour elle. Elle s’enfuit, se réfugie chez des proches, puis porte plainte.
Et là, le Mémo de vie devient son meilleur allié : photos, enregistrements vocaux, captures d’écran de menaces, détails consignés au jour le jour dans la plateforme — autant d’éléments horodatés, sécurisés, impossibles à altérer a posteriori.

La justice va écouter la plaignante et tenir compte des éléments fournis : Mémo de vie a été validé comme mode de preuve dans 5 affaires. Les préjudices ont été retracés. Des condamnations ont été prononcées. CQFD.

Alors notez bien : 3919 et Mémo de vie. Faites passer…

Sources : ministère de l’Intérieur, VRS, Féminicide France, France Inter, Observatoire national des violences faites aux femmes.