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La principale motivation pour se rendre au bureau, c’est… l’obligation.

Le travail et le lieu de travail, ce n’est plus pareil.
télétravail et présentiel

Le télétravail étant plébiscité pour offrir un meilleur équilibre vie pro / vie perso, beaucoup s’interrogent sur la nécessité – ou non – de revenir au bureau, sacro-saint lieu du travail.
On se pose la question le jour où JP Morgan supprime totalement le télétravail pour ses managers.

Chacun a vu le télétravail comme une forme de liberté, en tout cas de confiance, comme un acquis.

Cette semaine, le Baromètre Phygital Workplace (par Julhiet Sterwen et l’Ifop,) annonce que ce qui motive avant tout les salariés à se rendre physiquement dans les locaux de leur entreprise, c’est l’obligation. En 2e position arrive le contact social avec les collègues.

Pendant ce temps, 87 % des managers estiment que l’adoption d’une organisation hybride favorise la confiance.
Mais chez leurs collaborateurs (comprenez non-managers), ils ne sont que 60 % à sentir qu’on leur fait davantage confiance.
Le travail hybride est donc un sujet qui semble être devenu la norme, mais qui ne l’est pas. Il suffit pour cela d’écouter les managers expliquant que le sens du collectif s’est perdu en route et que les règles communes du vivre ensemble en souffrent.

Plus efficaces en télétravail ou au bureau ?

L’étude montre que seulement 15 % des salariés se considèrent plus efficaces au bureau qu’ailleurs.
Citées comme un piège chronophage et contre-productif, les réunions en visio nécessitent d’être encadrées avec des règles de fonctionnement. 67 % des managers disent les avoir déjà mises en place.
Pourtant, si vous regardez autour de vous, ce chiffre de 67% paraît un peu trop beau non ? Qui ne connaît pas les réunions d’une heure, plusieurs fois dans une journée parfois, alors qu’on sait très bien dorénavant qu’on ne peut – et c’est un maximum – être attentif que 20 minutes durant !

Règles de fonctionnement et outils (« ne m’appelle pas si mon voyant lumineux est rouge stp* ») sont obligatoires pour savoir travailler à distance efficacement. Un autre souci créé par la distance concerne la difficulté d’évaluer la – vraie – charge de travail du collaborateur. On a tous un copain travaillant à la maison qui avoue ouvertement travailler 2 fois moins mais mieux cultiver son jardin (il se vante vous pensez ?). On appelle cela le « biais de négativité » : plus on est à distance d’une personne, plus le risque d’interpréter négativement des situations va être important. 

Difficile donc de faire un choix, entre celui / celle qui tient à sa liberté et qui sait parfaitement bien s’organiser pour travailler à distance. Et celui / celle pour qui le lien social que représente la vie au bureau est vital.

Ne pas faire de généralités

Chaque entreprise, chaque culture d’entreprise, chaque collaborateur, chaque équipe… apporte un contexte distinct.
Mais le télétravail concerne tout le monde : un rapport de l’Insee 2022 indique qu’un salarié sur cinq a télétravaillé au moins une fois par semaine.
Le remote est perçu et vécu différemment selon chacun. Le lieu de travail et le travail, ce n’est plus du tout la même chose. Le bureau n’est plus / ne sera plus une fin en soi et obliger à y revenir après la période de pandémie est vite perçu comme la fin d’un acquis social.
En même temps, l’épanouissement et le développement, en tant qu’être humain, dépendent de notre relation aux autres.

Reste que le Baromètre Phygital Workplace pointe un chiffre à surveiller : celui du risque de désengagement qui touche 60% des managers. A la peine pour (savoir) gérer le management hybride avec des collaborateurs tous différents, les managers ont une responsabilité supplémentaire. Celle de faire tourner l’organisation avec cette nouvelle donne, et donc de nouvelles règles.
Pas facile le travail n’est-ce pas ?

Expérience perso

Ce billet est issu de la conversation autour d’un verre d’hier soir, avec 2 amis travaillant dans la même société, l’un avec un jour par semaine à distance, l’autre un jour par semaine au bureau (je précise qu’ils ne font pas le même job). Max a cité l’exemple du voyant rouge*, expliquant qu’il ne comprend pas que ses collègues ne respectent cette règle de base qui est de ne déranger quelqu’un que lorsqu’il n’est pas déjà en ligne. Et Stéphane a rebondi sur le chiffre de 20 minutes d’attention maximum à une réunion que je donnais par la réplique suivante : « moi c’est 2 minutes ! » Toujours drôle celui-là 😉

3 commentaires sur “La principale motivation pour se rendre au bureau, c’est… l’obligation.”

Claire Romanet dit :

Je vous invite à lire le passionnant article d’Antonio Casillo sur les microtravailleurs et l’impact du télétravail sur la paupérisation des métiers : https://lvsl.fr/antonio-casilli-la-menace-dun-grand-remplacement-par-les-robots-est-une-maniere-dassurer-la-discipline/

Yves Goulnik dit :

Merci pour la découverte de cet auteur et le partage de l’article, qui est en effet passionnant. Les idées discutées méritent qu’on s’en imprègnent, et plus généralement le recul que permet cette approche sociologique. Pour être immergé dans les problématiques des LLMs (large language models tels que GPT) c’est une réflexion qui est essentielle et salutaire.
À un niveau plus immédiat et microscopique concernant le thème de votre post, une autre motivation que l’on commence à entendre concernant le retour au bureau est celle de montrer qu’on existe et souhaiter minimiser ainsi le risque d’être remplacé par quelqu’un d’un pays à faible niveau de salaire.

laurentbu2375 dit :

Google donne la preuve d’un mouvement inversé avec le retour au bureau et l’arrêt du télétravail. Avec des contrôles renforcés et des sanctions aggravées : une vraie volte-face
https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/controles-renforces-sanctions-aggravees-google-fait-volte-face-sur-le-teletravail-1950887?xtor=CS2-13

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