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Apprendre « à ne rien faire » la nouvelle compétence

Savez-vous qu’il existe des cours à l’université pour apprendre… à ne rien faire. Une discipline du « vide » et de la déconnexion qui incarne une nouvelle compétence du XXIᵉ siècle : une forme de résistance à l’économie de l’attention, un réapprentissage du souffle, du silence, de soi.
des cours et des méhtodes pour apprendre à ne rien faire - elaee recrutement communication marketing digital

Apprendre ensemble à débrancher

A l’université Lawrence dans le Wisconsin (USA), vous pouvez suivre un cours pour « ne rien faire ». Les étudiants déposent leur téléphone à l’entrée de la salle — un geste symbolique mais fort, comme un premier pas vers la déconnexion. Plusieurs professeurs interviennent, proposent alors des expériences variées : marche en pleine conscience, cours de sommeil, silence total pendant une sortie de 30 minutes sans téléphone ni conversation.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas un cours pour feignants, mais bien une pratique consciente et choisie : les étudiants ne cherchent pas à procrastiner. Ils veulent développer de l’auto-discipline, réduire l’anxiété, améliorer leur productivité et leur capacité d’apprentissage.

Ils découvrent qu’en ralentissant, ils gagnent en agilité mentale, en bien-être et en performance.

 

Un symbole de résistance à l’économie de l’attention

Ce cours à la fac s’inscrit dans une logique plus large : celle de la résistance à l’économie de l’attention, où les technologies volent littéralement notre capacité à rester présents.

Dans notre monde saturé et hyperstressant, « ne rien faire » devient un acte politique et philosophiquement radical. Il s’agit d’un contrepoids, une réponse à la pression constante de la productivité : ne pas toujours produire, mais exister.

Jenny Odell, artiste et penseuse défend dans son livre « How to Do Nothing : Resisting the Attention Economy » l’idée que l’oisiveté consciente permet de repenser notre rapport au monde, à soi-même et aux autres — non pas comme un simple loisir, mais comme une forme de résistance active.

On sait aussi que pour le cerveau puisse être plus performant et plus créatif, il est nécessaire de lui fournir des périodes de calme et de pause. Une pause étant un moment sans avoir rien à faire bien sûr, pas une pause entre 2 coups d’œil à son smartphone.

 

Les chiffres pour argumenter à ne rien faire

Les chiffres ne mentent pas : selon une étude du Pew Research Center, 46 % des adolescents déclarent être “constamment connectés” — contre 24 % en 2014-2015, ce qui témoigne d’une montée vertigineuse de la saturation numérique.

De plus, l’Insee nous indique que 95 % de la population âgée de 15 ans ou plus possèdent un téléphone mobile. 

Enfin, l’hyperconnexion touche 7 Français sur 10. En effet, on passerait 56 heures par semaine devant un écran, soit environ 6h(1) de plus que notre temps de sommeil hebdomadaire.

Autant de chiffres qui rendent d’autant plus pertinente l’existence d’un cours visant à ralentir non ?

 

Pour commencer chez soi : petit manuel du vide

Si ce type de classe vous semble inaccessible, pas de panique : vous pouvez pratiquer seul·e !
Voici une méthode simple :

  1. Trouvez un endroit calme et confortable, sans distraction.

  2. Réservez-vous 5 à 10 minutes, trois fois par jour.

  3. Adoptez la technique du “3 / 6 / 5” : inspirez pendant 5 secondes, expirez pendant 5 secondes, répétez pendant 5 minutes, trois fois par jour.

  4. Progressivement, essayez d’appliquer cette pratique dans des lieux publics : une salle d’attente, le métro, etc.

Cette routine aide à créer des micro-espaces de déconnexion, des moments où l’esprit peut souffler.

 

Le niksen : l’art néerlandais de ne rien faire

Là, on ne parle plus d’un cours de fac mais carrément d’une philosophie. Connaissez-vous celle qui nous vient des Pays-Bas qui s’appelle le Niksen (vient de “niks”, qui signifie “rien” en néerlandais) ?
Elle promeut l’inaction sans culpabilité. 

La méthode est très simple. Prenez des pauses de 10 à 15 minutes par jour pour « ne rien faire ». Littéralement. Pas de lecture, pas de méditation structurée, rien dans les mains, rien sous les yeux, rien dans la tête : juste laisser l’esprit vagabonder, sans but ni pression. Respirer. Ne pas chercher à optimiser quoi que ce soit. Ni culpabiliser.

 

Valoriser le temps de non-faire comme un sas de décompression mental

Les bénéfices sont évidents et nombreux : réduction du stress, amélioration de la créativité, meilleure régulation émotionnelle, et bien sûr des effets positifs sur la santé (comme mieux dormir par exemple).

En laissant le cerveau “faire le vide”, on lui permet de trier les pensées, de digérer les informations récentes, et parfois d’émerger avec des idées inédites.

Selon des experts, cette pratique pourrait aussi ralentir le vieillissement cellulaire et renforcer le système immunitaire. Accepter l’inaction comme une pratique positive, non productive, mais profondément régénératrice, c’est une très bonne manière de recentrer notre attention…

Parce qu’il n’y a que des bonnes raisons pour essayer de se libérer de nos terribles injonctions numériques – ou pas (toujours mieux, toujours plus vite…).

Le comprendre est une première étape. Passer à la pratique une seconde… certes moins facile (qui a déjà lâché son téléphone plus de 3 heures ?). C’est en cela qu’on peut voir cette méthode comme une nouvelle compétence très utile à acquérir, pour son job comme pour la vie perso. Vous tentez ou vous l’avez déjà ?

 

Article rédigé en 2022, réécrit en novembre 2025.
Sources : Pew Few research, Times, Insee, ACMS (Association interprofessionnelle des Centres Médicaux et Sociaux de santé au travail)…

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