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Spotify, Waymo, IA… Nos données données

Vous avez reçu, comme moi, le récap annuel de votre écoute sur Spotify ?
Dynamique, gai, rythmé, avec un super design flashy, on est bien obligé de se l’avouer : c’est très sympa à regarder.
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Données déshabillées, méfiance habillée : logique humaine

Ce fameux « Wrapped », ce petit digest si mignon et si bien ficelé (bravo les designers), concerne des millions de personnes.
Qui partagent avec enthousiasme leur “récapitulatif d’écoute” : artistes préférés, genres, nombre d’heures d’écoute, top titres…
Sur le papier (enfin sur l’écran), rien de grave. Mais en coulisses, vous vous doutez bien qu’il s’agit là d’un dispositif de collecte de données massif — historisation des choix, habitudes, préférences…
Que l’on accepte sans broncher, parce qu’on trouve le résultat amusant, valorisant, partageable…

On célèbre le fait d’être “bien profilé”, d’avoir une “identité musicale”, d’appartenir à un groupe, de partager un palmarès. On se dit que “oui, c’est cool, c’est fun, c’est bien moi”.

Pourtant vous dites vouloir faire gaffe à vos données personnelles. Alors quoi on arrête de hurler contre la tyrannie des algos parce qu’on a un petit diaporama mignon ?
Derrière chaque “Wrapped” partagé, il y a des données capturées, analysées, éventuellement revendues ou utilisées. Ces traces liées à vos goûts, vos habitudes, vos goûts, sont une mine d’informations que vous avez livrée volontairement.

C’est ce qu’on appelle l’abandon silencieux. Quand nous donnons nos données (donnez, donnez, donnez-moooiii) avec notre consentement – et avec le sourire – à des applis, des IA, des géants du numérique… Sans vraiment mesurer ce que cela implique.

– « Moi je ne fais pas ça ! ».

– « Ah bon, tu n’as pas reçu ton récap Spotify, Youtube, Instagram, SNCF, Duolingo, Strava… ? »

On s’expose pour un récap, mais pas pour une voiture sûre

J’aimerais mettre en parallèle des chiffres donnés dans le New York Times concernant les performances de Waymo – le numéro 1 des robots-taxis américain (bientôt à Londres). Dans l’article, un neurochirurgien a écrit une tribune à partir des statistiques obtenues sur la dangerosité de ces autos qui conduisent toute seule.
Et, spoiler : ce n’est pas l’IA qui sort cabossée de l’histoire. C’est nous.

En s’appuyant sur 150 millions de kilomètres parcourus sans chauffeurs dans 4 villes américaines, Waymo affiche un bilan qui pique un peu notre ego de bipèdes plein de certitudes.
En comparant aux mêmes distances parcourues par des conducteurs humains, Waymo obtient des chiffres incroyables.

La conduite autonome diminue de 91 % le risque de gros accidents (graves ou mortels),

de 96 % les collisions dans les intersections.

Et de 80 % les accidents avec blessures, même légères.

En moyenne, un véhicule autonome a un gros accident une fois tous les 80 millions de kilomètres, versus une fois tous les 7 millions de kilomètres pour un humain.

La conclusion ne fait donc aucun doute : la voiture autonome est beaucoup plus sûre et fiable que les humains. Les chiffres sont formels.

En voilà une info intéressante pour nous Français qui adorons conduire et qui nous battons avec des chiffres de 3 000 morts sur la route, plus de 200 000 blessés et 46 milliards d’euros qui s’envolent chaque année…

Il faut bien admettre que la démonstration est douloureuse. Brillante, implacable… mais aussi un brin inquiétante.

Humains : 1 clic, 0 cohérence

Car dans ces 2 usages de l’IA mis à face à face, ce qui fascine le plus n’est peut-être pas la technologie. Ce qui fascine, c’est notre facilité à nous mettre nous-mêmes hors course.
D’un côté on craint l’efficacité et la froide rationalité des IA… De l’autre on abandonne nos données gentiment et on passe la main (ou on baisse les bras, ou on baisse son…).

Aujourd’hui, la voiture autonome est plus fiable que nous pauvres humains. Dont acte.
Demain (pas après-demain on se comprend bien, non, non, demain), les services clients, les actes notariés, les opérations chirurgicales, … Puis les décisions gouvernementales, militaires… 

On va être obligés d’accepter qu’un “objet machine” fasse mieux — plus sûrement — ce que nous faisons mal, trop souvent, trop humainement.

Mais peut-être pouvons-nous réduire cette grande naïveté qui est la nôtre concernant l’usage de nos données pour la promesse d’un bénéfice ludique immédiat.
C’est très difficile de se sortir de cette spirale infernale qui consiste à abandonner notre intimité en échange d’un peu de validation sociale, d’un récap “instagrammable”, d’une belle image de soi. C’est notre libre arbitre qu’il faut défendre. Notre capacité à comprendre une situation, l’analyser, et surtout garder la main sur la décision.

Alors oui : si une IA ou un robot peut réellement réduire le nombre de morts ou d’erreurs graves — qu’il s’agisse de conduire, opérer, décider — comment ne pas y réfléchir sérieusement ?

A quel prix évaluons-nous ce que nous avons de plus intime : nos choix, nos habitudes, nos données personnelles ?

Fascinant. Vraiment. Et un peu effrayant aussi non ?

 

 

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