Le Magazine

Un nouveau et malin business dans l’art pour Maurice Lévy

81 ans et un projet de start-up pour l’ex-patron emblématique de Publicis, ce collectionneur à la pêche d’enfer et au réseau de folie.
yourart plateforme artistes

Un projet artistique et business d’envergure

Un projet français, européen et ensuite mondial pour YourArt, la plateforme créée par Maurice Lévy et son fils. Une sorte de Youtube de l’art qui permet aux artistes et amateurs de montrer leurs œuvres. Il explique « YourArt veut devenir la plateforme art et tech mondiale de référence, avec le plus grand nombre d’artistes, de galeries, de collectionneurs et d’amateurs ».

D’après Maurice Lévy, des dizaines de millions d’artistes seraient frustrés de ne pas pouvoir exposer. Avec sa galerie virtuelle, il proposer d’exposer, acheter, vendre, faire des masterclass avec des « grands », et créer un réseau social de l’art pour dialoguer entre artistes… Tout ça avec de l’IA, du web3 et du métavers.

Sa volonté est de faire la plus belle galerie du monde et de démocratiser l’art, en s’appuyant sur la tech. Et il y met les moyens ! Plus de 9 millions d’euros ont déjà été investis par Lévy lui-même et de grands patrons français et américains.

Le mode de fonctionnement de YourArt

Le thread : acheter une œuvre originale plutôt que des reproductions.
La cible : toute personne se sentant une âme d’artiste, amateur ou pro, comme sur Youtube.
Le modèle : un abonnement de 10 à 30 euros par mois pour être présent sur la plateforme avec un choix varié (portfolio, galerie 3D, …) et une commission prélevée par la plateforme de 5 à 10% de commission pour les décors 3D haut de gamme.
Le pitch : « Vers 2008, je suis tombé sur une étude qui m’a frappée : elle montrait le nombre incroyable d’artistes amateurs – ils sont des dizaines de millions à pratiquer régulièrement – et leur frustration de ne pas pouvoir montrer leurs œuvres. J’ai donc eu l’idée de leur offrir la plus grande galerie du monde ».
L’atout : le patron bien sûr, son engagement, ses relations, ses moyens, ses ambitions.
Le risque : un marché de l’art en ligne (9,9 milliards d’euros en 2022) qui chute.
L’objectif : non chiffré mais la volonté de couvrir l’Europe dès l’année prochaine, pas d’aide publique et déjà 22 salariés.

Un avis très perso

Mon avis. Suis bien placée puisque je travaille à la fois dans la communication, le marketing et le digital, et dans la sculpture et céramique. Ma fameuse « double vie ». Donc, perso, je trouve le projet extrêmement prometteur. On est tous d’accord pour des business qui permettent de mettre l’art en lumière évidemment. Le business model calé sur un grand nombre d’abonnés est malin.
Cependant je vois 3 écueils possibles.
Comme pour les classes moyennes, il faut bien comprendre que les artistes n’ont pas autant de moyens qu’on le pense. La plupart d’entre eux sont plus intéressés par la liberté et le plaisir qu’il retire à produire leur art, que par la paie de fin de mois. Et heureusement, car la grande majorité ne peut en vivre, ou vit dans une forme de précarité. Pas certain que les « petits » artistes pas connus dont parle Lévy puissent investir pour adhérer.
Autre point ennuyeux quant à la cible : les artistes ne sont pas tous des pros d’internet, loin s’en faut. Je n’ai pas encore testé le site mais m’y suis promenée et je pense qu’il va falloir rassurer beaucoup sur la facilité d’usage pour convaincre et rassembler.
Enfin, et c’est le 3e point, l’art en ligne ne pourra jamais être la même chose qu’avoir un « vrai » tableau devant les yeux, encore moins lorsqu’il s’agit d’une sculpture. Mais bon, toute initiative qui peut faire bouger les lignes et apporter un nouveau public est bonne à prendre !

Evidemment, vous l’avez compris, il y a beaucoup plus de points positifs que négatifs dans ce projet. Alors RV sur Yourart.art : de quoi se faire du bien aux yeux et à l’âme !

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