Le Magazine
un « je n’aime pas » invisible aux autres
La personnalisation poussée pour mieux cibler ses goûts et éviter le bruit, on en rêve tous. Ou pas ?
ici, sur le réseau Bluesky, pas de pouce vers le bas. Le fait de dire « je n’aime pas » ne sera pas public.
Le like, notre tic collectif
Le « like » est devenu un réflexe. Une micro-dose de dopamine chaque fois qu’on reçoit un petit cœur ou un pouce bleu.
Des chercheurs de Stanford confirment que le cerveau réagit comme face à une récompense : le circuit de la dopamine s’allume, l’envie de recommencer aussi. On poste, on like, on attend.
Résultat : nous passons plus de temps à chercher des réactions qu’à écouter ce qu’on ressent vraiment.
Du coup, il est plus facile de mesurer la réussite d’un message au bruit qu’il fait, plutôt qu’à sa pertinence. Dommage.
Jack Dorsey relance le débat
Sur Bluesky, le réseau social décentralisé qu’il a cofondé, Jack Dorsey (ex-Twitter) vient de franchir les 40 millions d’utilisateurs.
Et il y teste un bouton « dislike » pas comme les autres.
Ce « Je n’aime pas » reste invisible aux autres. Seul l’algorithme le prend en compte pour vous montrer moins de contenus du même genre. Il aide le système à comprendre ce que vous ne souhaitez plus voir s’afficher dans ses suggestions.
Ainsi, vous « affinez » votre fil. Bonne idée.
Le bruit numérique, nouvelle addiction
Mais, vu autrement, on peut aussi se dire que même quand on n’aime pas, on clique. On est toujours dans la course au clic. et donc dans le bruit.
Le bruit agit comme un réflexe : on publie pour générer, on attend la réaction, on compte les points, on ajuste en fonction. Le contenu est un moyen d’interaction plus qu’un message.
Le besoin de réagir à tout — même en secret — montre notre dépendance à l’interaction : ne rien dire, c’est disparaître du flux.
On est accros à tout ce qui fait « bruit » en ligne : posts, likes, réactions, commentaires, et désormais « dislikes ».
O, plusieurs études montrent que l’absence de likes ou de réactions provoque un sentiment de rejet, surtout chez les plus jeunes. Nous ne cherchons plus vraiment à être entendus, mais nous voulons savoir qu’on a été entendus.
Ce que ça change en marketing
Si ce type de bouton est une nouvelle donne, peut-être changera-t’il notre façon d’appréhender les métriques : moins de volume de réactions et plus de sens ?
Le « dislike » invisible peut être une chance : celle d’exprimer un retour d’info honnête sans risquer l’humiliation publique ou le harcèlement.
Dans tous les cas, cela fait réfléchir sur la stratégie à adopter sur les réseaux sociaux auxquels nous sommes accros : le vrai enjeu n’est pas de faire du bruit, mais du bon bruit. Celui qui attire pour les bonnes raisons.
Le « dislike » invisible de Bluesky est peut-être une première étape vers plus de sens : la parole circonstanciée reprend du poids et même, si on va plus loi, savoir quand se taire pourrait devenir une vraie compétence non ?
Sources : Daily star, Stanford medicine, innovation village…
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2 commentaires sur “un « je n’aime pas » invisible aux autres”
J’ai toujours donné à mes clients et maintenant à mes collègues ce proverbe arabe : « si ce que tu as à dire est moins beau que le silence, alors tais-toi ! ».
Ça me paraît être un conseil qui se bonifie avec le temps 🙂
Merci pour cet article !
rrrrooooohhh ! Très joli proverbe. Osons croire que la pertinence va reprendre son rôle de choix face au volume de contenus…